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La Vie, Theodore...
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La Vie, Theodore...
27 juillet 2010

Jeudi 13 mai

Jeudi 13 mai 2010, c'était un jour férié, nous étions en congé... la journée commencait calmement, nous venions de prendre notre petit déjeuner,  Theodore était un peu grincheux, à cet âge-là ... surement une dent ! 

On décide de le mettre au lit pour une petite sieste, il pleure un peu et puis ses hurlements nous ont vite alertés, quelque chose n'allait pas. Theodore ne pleure jamais, mon bébé bonheur est une véritable machine à sourire d'ordinaire. Apres l'avoir pris dans mes bras, on se rend compte que quelque chose ne va pas, il est livide, blanc comme un linge et ses lèvres commencent à devenir bleues... En quelques minutes, sa respiration ralentit... ni une ni deux, je dis à Louis que ça ne va pas, qu'il ne respire presque plus ... l'angoisse monte, je commence à paniquer. Louis va chercher la voiture, j'emballe Theo dans la première couverture que je trouve et on fonce à l'hopîtal d' Ottignies. A peine arrivés, les portes s'ouvrent, j'entre dans les urgences en criant que mon bébé, mon tout petit ne respire plus... Je ne sais rien dire de plus, je n'arrive plus à parler, tétanisée par l'inquiétude.

Les urgentistes pensent d'abord à un choc neurologique, une détresse respiratoire mais ils n'arrivent pas à lui faire une prise de sang, ils ont beau enfoncerde grandes aiguilles dans ses toutes petites jambes, ses bras, sa jugulaire... le sang ne vient pas. L'électrocardiogramme s'emballe et monte à plus de 200, le cœur pompe tout ce qu'il peut , scanner, et radio se suivent , ils ne trouvent pas et puis vient ensuite le cardiologue, on fait une échographie du cœur et il se rend compte qu'il y a du sang partout dans l'abdomen... Il fait une hémorragie interne, il est déjà à moitié vide.

On ne comprend rien, personne ne nous dit rien, il y a des gens partout autour de notre tout petit bonhomme, on peut lire l'angoisse sur les visages des médecins et des infirmières. J'entends les mots : transfusion, foie, hématome...On ne sait pas ce qui se passe, on n'existe pas, relégués dans un coin de la pièce, seuls avec notre angoisse mais la seule chose qui m'importe à ce moment-là , c'est que Theodore ne souffre plus, je n'arrête pas de dire, de répéter " Faites qu'il n'ait pas mal, soulagez sa douleur...". Ses yeux sont vitreux, son regard se perd, sa peau est marbrée, presque translucide,  je n'en peux plus de le voir presque mort... 

Et puis enfin le sang arrive! Précieux liquide, merveilleuses petites poches rouge, transfusion de vie...  Un jour quelqu'un a pris quelques minutes de son temps pour faire ce don ...  don salvateur! Petit à petit, au fur et à mesure que les poches se vidaient, il a repris des couleurs...son cœur s'est calmé et il a recommencé à respirer doucement.

Le medecin  est venu pour nous parler, je lui pose alors la question qui nous brûle les lèvres: "Qu'est ce qu'il a ? Est ce qu'il va vivre ? " Elle me répond en baissant les yeux ... " Je ne sais pas, Je ne peux pas m'avancer sur son pronostic vital. On ne sait pas ce qui a provoqué cette hémorragie...".  Elle nous dit aussi qu'elle ne peut plus rien faire ici pour lui,  que notre fils est en danger et qu’ils ont décidé de le transfèrer aux soins intensifs pédiatriques à Saint Luc. Une ambulance et 2 pédiatres spéalisés sont en route.

Nous n'avons pas pu monter dans l'ambulance...Sans savoir ce qui nous attendait, paniqué, angoissé, meurtris, impuissant et dépités nous l'avons regardée s'éloigner tenant dans ses entrailles notre chair. Ayant été informé que nous ne pourrions pas le voir tant qu'il n'était pas stabilisé aux soins intensifs pediatriques, nous avons décidé de  passer à la maison chercher ses doudous, un ou deux petits jeux, pyjamas et autres affaires familières... En sachant néanmoins que c’était parfaitement inutile, mais au moins, on faisait quelque chose…

A saint Luc, on nous dirige vers les SIP ( Soins intensifs pédiatriques), une grande pièce avec un bureau central et des boxes tout autours, des machines qui bipent tout le temps, des seringues, des fils, des tuyaux... et au milieu un lit cage ( qui porte vraiment bien son nom, tout en métal ). Il est là mon petit bonhomme, il dort calmement, on lui a posé une voie centrale, première mutilation de ce petit corps parfait...La voie central c'est une sort de cathéter relié directement au cœur, grâce à cela on ne va plus le piquer partout, prises de sang et injections emprunteront ce chemin... C'est mieux, on ne va plus lui faire mal...Car, à ce moment là, c'est tout ce qui m'importe... son bien être.

Je n'arrive pas à réaliser ce qui vient de se passer, cette journée ne peut pas avoir existé, c'est un cauchemard, je vais me réveiller... Theo va bien,  rien de tout cela n'est réel ... et pourtant, à ce moment-là on est loin de se douter de ce qui va se passer après... Il est 23h , les infirmières nous informent qu'on ne peut pas rester pour la nuit mais que l' on peut revenir demain matin à partir de 11H ... Ils sont fou ou quoi ! Ils pensent vraiment que je vais attendre 12 h pour revenir !!!!...Elles nous disent qu'on peut téléphoner toutes les heures et que si tout va bien, on pourra venir plus tôt ! ( je ne peux m'empécher de me dire: et si tout va mal ....) J'espère bien !!!

 On doit abandonner notre Bibou aux mains d'inconnus. Le laisser seul ce soir-là nous a demandé un effort surhumain... 

On a pu revenir à 8 h le lendemain, après avoir téléphoné toute les heures. Son état est stable, son taux d'hémoglobine se maintient vaillament,  ils n'ont pas dû opérer dans la nuit (opérer de quoi ? ...Ah, une embolisation ou un truc dans le genre ... suis-je bête !) On a parfois l'impression que le corps médical ne parle pas toujours le même langage... et nous on se sent con de rien comprendre... 

Notre fils est donc resté 3 jours complets à jeun, en standby dans cette unité qui ramène à la vie ceux qui aurait pû rejoindre la mort, sous l'attention particulière des équipes d'infirmières et de médecins.. Et le samedi soir, il a finallement pu "monter" à l'unité pédiatrique de gastro-entérologie ... Unité digestive, plus familièrement appelée Unité 92.On a vite compris que chaque unité porte un numéro, en fonction de l’étage où elle se trouve. 

J'ai enfin pu le reprendre dans mes bras malgré les perfusions et autres electro-cardiogrammes, lui donner un biberon, retrouver des gestes de maman, retrouver mon petit prince. Sentir son petit cœur battre calmement.Il allait mieux, il avait retrouvé doucement des forces et des couleurs...Nous n’étions plus dans l'urgence, on allait enfin pouvoir commencer à chercher et à comprendre ce qui avait provoqué tout ça ! 

Nous avons rencontré les médecins et chirurgiens, le premier diagnostic serait une malformation vasculaire ou un angiome ...mais pour l'instant on ne voit rien car il y a un gros hématome sur le foie. On doit attendre qu'il se résorbe, les médecins décident de ne pas intervenir directement mais de surveiller. On peut donc rentrer à la maison ! rendez-vous dans 15 jours pour une échographie de contrôle. 

Voilà comment notre calvaire a commencé un matin du mois de mai ...

 

 

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